Alors que le suicide quasi quotidien d’un agriculteur en France devrait conduire à une politique volontariste et prioritaire de soutien à une profession vitale pour l’autonomie alimentaire, mais aussi la préservation de nos terres et paysages, l’Assemblée nationale vient de ratifier le CETA, traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. Les dernières barrières protégeant l’Europe de l’invasion des produits de l’industrie agroalimentaire nord-américaine et d’une concurrence sauvage peuvent tomber.
Développement local, mais aussi santé humaine, sans parler de bien-être animal, de bilan carbone, ont été abandonnés aux intérêts commerciaux des multinationales. En validant le CETA, les députés ont dans le même temps voté en faveur de l’impuissance des États et du Droit et décrété leur soumission à des tribunaux arbitraux privés, créés pour la protection des investisseurs.
De fait, la démocratie et l’intérêt vital des peuples ont été délibérément sacrifiés par des députés pourtant élus pour en être les garants. Sachant en outre que le vote s’est fait sous la menace de « conséquences » en cas de non-conformité avec la position et les consignes du gouvernement, le constat s’impose : il n’y a plus en France de séparation des pouvoirs. Le législatif est à la botte de l’exécutif. Les conditions mêmes de la démocratie ne sont plus remplies.
Comment se sentir lié par des décisions et des lois, néfastes, dictées par des intérêts contraires à ceux des peuples ?
Comment se reconnaître dans un système et un pays qui ne donnent même plus l’illusion de la démocratie ?
Image d’illustration tirée du site : https://fr.worldanimalprotection.ca/nouvelles/10-choses-savoir-sur-les-poulets-delevage-industriel