Par Laurent BLONDAZ
Secrétaire du Mouvement Région Savoie (MRS)
Chers amis alsaciens,
Votre belle région, à bien des égards, possède des points communs avec la Savoie.
L’Alsace est un peu plus peuplée, mais un peu moins grande en superficie. Historiquement, nos deux territoires sont les derniers arrivés dans le giron français, c’est peut être une raison pour laquelle une forte identité culturelle s’y fait ressentir. Nous possédons chacun une frontière avec deux autres pays européens, frontière qui a une valeur d’ouverture sur l’Europe, sur les autres.
Cette identité et cette ouverture sont des atouts pour l’épanouissement des populations : elles sont des facteurs favorables à la prise d’initiative, à l’économie, au respect de l’environnement, au développement de l’art de vivre.
Amis alsaciens, vous allez vous prononcer le 7 avril prochain sur le projet du conseil territorial unique. Il s’agit d’une étape importante pour que vous puissiez donner de l’efficacité à la force publique régionale. Pour avoir sous nos yeux les modèles de gouvernance fédéraux helvétiques et allemands, nous savons combien le système français manque de démocratie participative et de souplesse. Ce projet va incontestablement dans le bon sens.
Pour la plus grande partie de la population, la question institutionnelle apparait souvent comme un domaine technique et abstrait. Il s’agit pourtant d’une question citoyenne majeure : construire l’organisation démocratique qui permet de gérer l’action publique régionale. La santé, l’enseignement, la formation supérieure, les infrastructures de transports, les politiques d’aménagement, la culture, l’aide sociale : tous ces services publics ne peuvent être gérés et développés efficacement qui si le citoyen y porte son intérêt et son pouvoir de contrôle.
C’est un beau projet, même si certains détracteurs ne manquent pas d’y trouver des imperfections. Celles-ci sont bien secondaires. Sachez que pour nous, Savoyards, votre expérience est un modèle que nous souhaiterions suivre à notre tour. Malheureusement, lors de la mise en place des régions dans les années soixante-dix, la Savoie, malgré ses incontestables spécificités, s’est retrouvée désignée comme une dépendance administrative du grand Lyon, et ce, malgré une très forte protestation citoyenne. Les Pays de Savoie ne sont qu’une annexe de Rhône-Alpes. Depuis nos profondes vallées, nous sommes bien éloignés des centres de décision de cette région. De ce fait, les choix concernant l’aménagement du territoire nous échappent totalement.
Le MRS (Mouvement Région Savoie), parti ami d’UNSER LAND, revendique inlassablement depuis quarante années la création d’une région institutionnelle. Et celle-ci fait cruellement défaut.
Contrairement à l’Alsace nous peinons à développer des services régionaux, nous risquons bientôt de perdre notre université. Nous ne réussissons pas à contrôler l’expansion urbanistique, à permettre aux jeunes de se loger au pays. Nous constatons sans pouvoir réagir que nous perdons progressivement notre identité culturelle, c’est à dire, le plus beau de nous même que nous aurions pourtant beaucoup de plaisir à offrir à tous ceux qui viennent nous visiter.
Nous avons vu dans la presse les arguments froids et déshumanisés des opposants à votre beau projet. Est-il égalitaire d’interdire l’initiative à ceux qui ne sont pas au sommet de la pyramide nationale ? Jusqu’à quand refuserons-nous en France d’accepter la diversité ?
Il est bien regrettable de constater une fois de plus l’activisme d’une intelligentsia dévouée à la plus vile des France : celle qui est repliée sur son centre, et qui veille sans relâche à fortifier son pouvoir dominateur. La moindre velléité d’autonomisme, est toujours associée à d’abjectes invectives : on insinue l’égoïsme, la xénophobie, quand ce n’est pas le communautarisme, le terrorisme voire même le fascisme.
C’est dans une Europe constituée de régions émancipées que se trouvent les espoirs d’un développement démocratique et d’un respect des diversités. Je terminerai ce texte, sans mépris ni rancœur pour la pensée française, en citant deux auteurs de culture germanophone. « l’autonomie de la volonté est le principe unique de toutes les lois morales et des devoirs qui y sont conformes. » : cette phrase que l’on doit à Kant, ne s’adresse-t-elle pas aussi bien aux individus qu’aux populations ? Et je terminerai par ce questionnement qui donne toute la dimension humaniste de Goethe : « Quel est le meilleur gouvernement ? Celui qui nous enseigne à nous gouverner nous-mêmes. »
Amis Alsaciens, ne manquez pas ce moment important de votre vie citoyenne. Prenez votre avenir en main !
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