Lettre ouverte au rédacteur en chef adjoint du Républicain Lorrain

« Ne me quitte pas ma belle Alsace » avez-vous écrit dans un éditorial daté du 15 décembre dernier dans lequel vous fustigez « le repli sur soi qui suinte de manière nauséabonde dans ces incantations populistes et autonomistes » (sic).

https://www.republicain-lorrain.fr/politique/2022/12/15/alsace-ne-me-quitte-pas?fbclid=IwAR2IXFbWATjYg-nIJvuHHhiaeJ2pA5ixS-WNiQplXHBI_WSGn-4wiJWjFkE

De la part d’un quotidien comme le Républicain Lorrain, on aurait aimé un peu plus de profondeur dans le propos. Un peu plus de retenue, et surtout, de professionnalisme.

Votre quotidien a-t-il eu le courage et la conscience professionnelle de chercher à connaitre l’avis des Lorrains et des Champardennais sur la question ? Malheureusement non. Il est certainement probablement plus commode pour un rédacteur en chef d’étaler ses états d’âme dans un éditorial que de chercher à connaitre l’état réel de l’opinion que l’on se targue de représenter.

Et pourtant la réponse est connue : pas plus que les Alsaciens, ni les Lorrains, ni les Champardennais ne veulent de cette région insensée, de ce non-sens géographique, économique et culturel. A défaut du référendum que la « Grande Nation » nous refuse, les sondages l’attestent.

Vous invoquez une pseudo histoire commune pour justifier a posteriori ce qui n’est rien d’autre qu’un viol institutionnel. N’est-ce pas les mêmes arguments nauséabonds que ceux qu’avancent Poutine pour soumettre l’Ukraine ? N’est pas la même morgue, le même refus de reconnaitre la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes, voire la même négation même de ces peuples ?

« Ne me quitte pas ma belle Alsace », larmoyez-vous. « Je suis fier d’avoir l’Alsace en région Grand Est » plastronnez-vous. Vous parlez de l’Alsace comme d’une possession, d’une conquête. Ce vocabulaire est insupportable pour les Alsaciens qui, au cours de leur histoire, ont été marqué dans leur chair et leur âme par l’obsession de ses voisins de la soumettre. Mais vous n’aurez ni l’Alsace, ni même la Lorraine. Elles ne veulent pas se dissoudre dans ce maelstrom funeste.

En écrivant cet éditorial, vous commettez une faute morale. Vous vous érigez en porte-parole servile d’une caste politique qui, faisant fi de tout sens moral et toute conscience démocratique, met toute son énergie à pérenniser envers et contre tout un monstre administratif conçu contre la volonté des citoyens.

L’Alsace et la Lorraine n’ont pas attendu la création du Grand Est pour se parler et travailler ensemble. Et l’Alsace n’a jamais oublié les liens qui la lient à la Moselle. Le Grand Est par contre n’a rien amélioré. Bien au contraire, il n’a fait que créer des tensions qui n’existaient pas avant. Car le ressentiment naît là où on l’on piétine le droit et l’honneur. Et un éditorial comme le vôtre ne fait que jeter de l’huile sur le feu.

Les Alsaciens considèrent les Lorrains et les Champardennais – et comme tous leurs voisins – comme leurs frères. Mais ils n’acceptent pas qu’on leur vole leur liberté de s’administrer. L’Alsace, n’est ni inférieure, ni supérieure. Elle veut simplement avoir le droit vivre. Que vous le vouliez ou non, elle continuera à l’affirmer.

Vive la Lorraine, vive la Moselle et vive l’Alsace !

Jean-Georges Trouillet

Président d’Unser Land