Un mémorial qui a des trous (persistants) de mémoire
Le Mémorial d’Alsace-Moselle de Schirmeck a quatre ans, et il n’a pas changé. Les conseillers généraux qui l’ont visité durant l’été 2009 n’en sont pas revenus : oui, il a été possible, en Alsace, de produire une chose pareille ! Alors que ni les Bretons, ni les Corses, ni les Basques n’ont chez eux un tel mémorial !!
Tout commence en 1999. Le professeur Alfred Wahl, de la faculté d’Histoire de Metz, et grand ami du grand patriote français de Belfort, Jean-Pierre Chevènement, fait circuler une exposition dans toute l’Alsace et la Moselle sur les années 1939-1945. Cette exposition plaît beaucoup au préfet d’Alsace d’alors, qui comme chacun sait, est un passionné de l’histoire de cette belle province. Il demande au professeur de fixer cette expo dans un mémorial, qui lui ne bougera plus.
En effet, l’objectif est de fixer une bonne fois pour toute l’histoire de l’Alsace, et de montrer au public, notamment aux écoliers, les méfaits commis par les Allemands et leurs complices les autonomistes alsaciens-lorrains, non seulement durant la période de l’annexion par les nazis, mais déjà avant ; bien avant puisqu’on va commencer…en 1870. (Mais pas avant, car il n’y avait pas encore de méchants Allemands en Alsace et en Lorraine, mais juste de gentils Français, et qu’il n’y avait pas encore d’autonomistes).
Une fine équipe
Alors, pour réaliser son oeuvre, M. Wahl s’entoure d’autres professeurs ou « connaisseurs » de l’histoire de la province. Il y a là Georges Bischoff, hagiographe de Hansi et lui aussi militant du M.D.C. comme A. Wahl, Bernard Reumaux, ancien de l’Action Française, qui a été nommé au Conseil Economique et Social d’Alsace par le même préfet, qui est éditeur entre autres des ouvrages de Robert Grossmann et de la luxueuse revue « Saisons d’Alsace ». Il y a aussi Jean-Louis English, un grand journaliste de télévision, proche du R.P.R., qui s’est déjà vanté de « faire et défaire les hommes politiques en Alsace » et qui ne prise guère les autonomistes contemporains. English va présider l’Association des Amis du Mémorial, avant même qu’une Assemblée Générale soit élue. Et d’autres encore, comme Jean-Michel Mehl, pour qui le « nombrilisme alsacien » est ce qu’il y a de plus « méprisable » (sic, en 1989).
Mais tous ces noms ne doivent pas masquer le grand maître d’œuvre scientifique de l’ouvrage, A. Wahl. Et très vite, les esprits chagrins (dont le seul Allemand du groupe, ou encore le président de l’association des anciens prisonniers du camp de Tambov) qui avaient assisté aux premières réunions, mais ne partageaient pas le patriotisme français de l’équipe, prennent leurs distances ou ne sont plus invités, afin que l’on puisse travailler sans encombre.
Les conseils généraux d’Alsace-Moselle n’ont plus qu’à dépenser une fortune colossale pour construire l’audacieux bâtiment (au style futuriste) et le faire fonctionner. Et les professeurs n’ont plus qu’à y amener leurs élèves, pour qu’ils comprennent enfin tout le mal que les Allemands ont fait à l’Alsace-Lorraine depuis 1870.
Le résultat est à la hauteur des espérances. Bernard Reumaux peut s’extasier dans sa revue « Saisons d’Alsace » en 2005, sur ce beau Mémorial qui expose ce que lui et ses amis ont toujours pensé de l’Histoire de la province, ou du moins ce que le peuple doit en connaître.
D’abord, le choix du lieu : les hauteurs de Schirmeck, juste en vis-à-vis de l’ancien camp de concentration nazi du Struthof, de la sorte les visites des deux sites se feront aisément dans la journée, l’une étant le complément de l’autre. Dommage pour Phalsbourg, Strasbourg et les autres villes qui avaient réclamé ce qui est appelé à drainer les touristes.
Une vision de l’histoire à sens unique (et en cul-de-sac)
La première salle à elle seule est consacrée à la période 1870-1939. Tant pis si vous ne l’aviez pas compris : tout le reste est consacré à la seconde guerre mondiale vue d’Alsace, en fait le Mémorial est un mémorial sur la seconde guerre mondiale. C’est la période de loin la plus importante de toute l’histoire de l’Alsace, car c’est là que les Alsaciens-Lorrains se sont définitivement brouillés avec les Allemands, qu’ils ont enfin compris leur vraie nature, sur laquelle ils avaient été abusés auparavant. La preuve : depuis, ne sont-ils pas devenus de Super-Français ? La première salle va donc nécessairement être un peu rapide sur la période d’avant 1939. Qu’importe, on en retiendra l’essentiel :
– Avant 1870, les Alsaciens et les Lorrains sont des Français comme les autres : ils n’ont pas de particularisme plus affirmé que bien des régions françaises (sic).
– Ils sont rentrés progressivement dans le royaume de France.
– L’annexion de 1870 : pour la première fois apparemment, les Alsaciens et les Lorrains sont conquis de force par un pays voisin.
– En 1911, l’Allemagne leur donne une constitution et un parlement (Landtag) mais cette autonomie n’est rien par rapport à celle dont bénéficiaient (déjà) les autres Etats allemands.
– Les affaires de Saverne et de Graffenstaden, à elles seules, ont détruit le capital de confiance que les Alsaciens-Lorrains avaient en faveur des Allemands en 1913. (Comme le prouvent tous les dessins de Hansi et de son compère nationaliste français, Zislin, que l’on peut voir ici)
– La Grande Guerre éclate : les armées allemandes se comportent comme des Huns, détruisent des villages, font exploser des maisons de francophiles, et dans cette armée, il y a de pauvres soldats alsaciens-lorrains dont « le cœur est resté français »(sic) Heureusement, l’état-major allemand ordonne de les envoyer en Russie, pour leur éviter de se trouver face à des soldats français.
– Les 380 000 soldats alsaciens-lorrains de l’armée du Kaiser ont droit à un panneau d’exposition de même taille que celui des 15 000 engagés alsaciens-lorrains de l’armée française. (Normal : sur ceux-là, on est beaucoup plus renseignés)
– En 1918 et 19, les poilus arrivent en Alsace dans un véritable délire patriotique, c’est une véritable orgie tricolore et spontanée à laquelle participe le peuple, à peine gâchée par le départ discret, plus ou moins volontaire, de 110 000 civils allemands d’Alsace-Lorraine qui repassent le Rhin avec quelques valises. (voir le dessin de Hansi, qui s’est beaucoup réjoui)
– La République offre généreusement à la population des cartes d’identité de quatre couleurs différentes, afin de faciliter le passage devant les commissions de triage.
– De vilains autonomistes commencent à profiter politiquement d’un léger mécontentement d’une partie de la population, comme le montrent tous les articles en français des journaux « Le Lorrain » et « Le Messin », proches du gouvernement français, que l’on peut voir ici. – Le procès de Colmar en 1928 n’a servi à rien : les autonomistes sont dehors.
– Enfin à partir de 1936, les autonomistes reculent. Mais regardez bien la photo de Hermann Bickler : ce très grand autonomiste va bientôt se métamorphoser en nazi… Vous avez loupé celle d’Eugène Ricklin ? vous ne savez pas qu’il a présidé le parlement d’Alsace-Lorraine de 1911 à 1918 ? Ce n’est pas grave.
– Pour l’évacuation d’un tiers de la population vers le Périgord et le Limousin en septembre 1939, on a photographié que les gens qui sourient. Et on a reconstitué des wagons de passagers, pas les wagons à bestiaux qui avaient réellement servi…Bien sûr, on ne dit pas un mot sur le pillage des maisons des évacués, par des soldats français désoeuvrés de la ligne Maginot.
Après, on visite toutes les salles sur la Seconde guerre mondiale, avec la voix de Hitler en permanence, qui braille dans les oreilles. La germanisation, c’est avant tout des plaques de rues en allemand et des bibliothèques de livres en allemand. L’allemand, c’est la langue des nazis. Le français, c’est la langue des résistants. D’ailleurs, tous les résistants alsaciens-lorrains étaient de parfaits patriotes français, il n’y a eu aucun autonomiste parmi eux. Les chefs autonomistes, on les voit en train de faire le salut nazi. Mais pourquoi font-ils autant la gueule sur la photo ?
Vous n’avez pas vu Pétain ? Il y a un portrait, une phrase, et puis fini. On ne sait pas si ce qui se passe en France de l’Intérieur au même moment. Ce n’est pas le sujet.
On traverse ensuite une reconstitution d’un camp de concentration. Quant à l’épuration en 1944-45, c’était « gentil » : il y a eu juste quelques procès. On ne dira rien de la réutilisation des camps de Schirmeck et du Struthof pour y interner des milliers d’Alsaciens sans jugement, histoire de ne pas embrouiller le visiteur avec une Histoire aussi complexe. La visite se termine par une salle dédiée à la réconciliation franco-allemande. C’est bien le moins qu’on puisse faire après les avoir autant chargés !
Voilà en effet un mémorial qui ne doit pas avoir son pendant ailleurs en France, mais peut-être en Europe de l’Est…en cela, il est typiquement alsacien !
Fränzi Waag
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