François Waag, « Main basse sur notre histoire »
En Alsace, plus qu’ailleurs, l’histoire est un enjeu politique majeur. En effet, comme elle nous montre que ce pays est germanique par sa langue, sa culture, ses traditions, son passé… , ce qui la rend difficilement «soluble» dans l’histoire nationale monolithique, les historiens « officiels» y sont mis à contribution pour forger une histoire alsacienne conforme à la mythologie républicaine.
Evidemment, cette histoire s’affranchit de toute démarche «véritative» puisque ses buts premiers sont politiques à savoir servir l’unité nationale et montrer la permanence de la nation. Le rôle imparti à nos «historiens officiels» sera donc de mettre en scène l ‘histoire alsacienne pour la faire cadrer avec le grand «roman national» patriotique qui a pour vocation de fortifier le «sentiment national». Tous les évènements qui peuvent l’insérer dans un récit historique de la France, présentée comme une éternelle continuité toute d’unité, y seront donc valorisés, les avalanches de commémorations et autres mémoriaux devant servir ce dessein. Quant aux autres, ils seront tout simplement passés à la trappe, ou, à l’inverse, pointés du doigt dès lors qu’ils peuvent servir à noircir la germanité.
Ainsi, les historiens «nationaux-républicains», qui tiennent le haut du pavé en Alsace, sont-ils passés maîtres dans l’art des forgeries patriotiques «à la Hansi». Évidemment, les liens étroits qu’ils entretiennent avec le pouvoir central, auquel ils sont souvent inféodés professionnellement, leur patriotisme engagé et leur «statolâtrie», empêchent toute distance critique et nuisent au travail historique puisque leur souci premier est d’œuvrer à la grandeur et à l’amour de la Patrie et de ses symboles, et non de faire apparaître la vérité historique: chez nous, le récit historique est toujours idéologisé ! Ainsi, en Alsace, ces historiens ont fait «main basse sur notre histoire» : tout ce qui est français sera valorisé par un recours à l’«émotionnel» -qui entrave une réflexion sereine -et à toute la panoplie des icônes et des figures héroïques de la République.
A l’inverse, tous les aspects de la germanité du pays seront dénigrés, ou tus, pour créer le déséquilibre et faire basculer l’affectif des Alsaciens vers la France. Ainsi, les grandes figures alsaciennes qui ont œuvré à l’émancipation, à la grandeur ou au rayonnement culturel de l’Alsace sont-elles interdites de mémoires : Auguste Schneegans, Rodolphe Schwander, Eugène Ricklin, abbé Haegy… Le culte que certains historiens « nationaux-républicains» de l’université Marc Bloch, par ailleurs responsables locaux d’un mouvement souverainiste français, continuent à vouer à l’antiboche Hansi ou aux grands sabreurs alsaciens placés au service de l’impérialisme français, n’est donc pas anodin, de même que le voile qu’ils jettent sur les pages héroïques des luttes pour l’autonomie.
En France, l’histoire, comme la mémoire nationale, et tout le reste, doivent être uniques, monolithiques. Destinées à bâtir l’unanimité, dans «l’histoire officielle», il n’y a donc pas de place pour les histoires ou les mémoires particulières des peuples périphériques qui sont dépossédés de leur passé parce qu’il s’oppose aux visions jacobines délirantes de l’unicité historique du pays.
D’ailleurs, le récent débat instauré par le gouvernement sur l’« identité nationale » laisse apparaître, là encore, la même volonté d’imposer un modèle unique, construit sur une vision totalement subjective de l’identité, une identité figée, étriquée, standardisée, imposée par le dominant : «l’identité nationale, c’est l’identité républicaine» a dit, en janvier 2009, le ministre Eric Besson, affichant ainsi un beau mépris pour les autres formes d’identification. Ce «nationalisme républicain» veut ainsi imposer à tous, sous peine d’exclusion, une même représentation de l’identité, un même «ressenti» : comment on se sent français ! Pourtant, cette vision qui tend à imposer un moule homogène et cohérent de l’identité nationale s’oppose aux réalités de terrain qui témoignent à l’évidence d’une dimension plurielle de l’«identité nationale».
François Waag a parfaitement décortiqué tous ces mécanismes mis en place par le «dominant», servi par les historien «nationaux-républicains», pour déposséder les Alsaciens de leur passé et lui substituer une histoire formatée de la «nation française», une histoire oublieuse de l’histoire des Régions et de la diversité des populations. En historien perspicace, il a su mettre en lumière, à l’aide d’exemples parlants, les multiples manipulations -allant du mensonge par omission au bidouillage des éléments factuels et de contexte nécessaires à l’établissement de la vérité historique -usitées par les historiens «républicains-nationaux» pour imposer en Alsace un récit historique «officiel», patriotique, unique, qui ne souffre aucune contestation. Ce livre est un joli pavé lancé dans la mare des manipulateurs de notre histoire alsacienne !
Bernard Wittmann
« Main basse sur notre histoire » par François Waag
Editions du Bastberg, 2010
192 pages
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