Unser Land a commémoré nos morts de la Guerre 14-18 en ce 11 novembre 2016
Devoir de justice mémorielle
Ce vendredi 11 novembre, Unser Land a appelé ses militants et sympathisants à se recueillir devant les monuments aux morts en mémoire de ceux qui sont tombés pendant la Première Guerre Mondiale, quel qu’ait été leur uniforme.
A Strasbourg, Molsheim, Mutzig, Sélestat, Barr, Saint Louis, Saverne ainsi qu’au Hartmannswillerkopf, mais aussi à Metz à l’initiative de 57, le Parti des Mosellans, des commémorations citoyennes ont été organisés en marge des cérémonies dites « officielles ». Des gerbes Rot un Wiss ont été déposées pour honorer, à côté des Poilus « morts pour la France, ces 96% d’Alsaciens et Mosellans ayant loyalement servi dans l’uniforme Feldgrau la patrie qui était alors la leur depuis le traité de Francfort en 1871. Les discours officiels les ignorent.
A l’exercice de style convenu de la célébration républicaine du roman national français, nous avons préféré préféré un hommage juste à l’ensemble de nos aïeux.
Presque un siècle après la fin du conflit, force est de constater que les commémorations officielles confinent toujours au patriotisme cocardier et occultent les réalités alsaciennes auxquelles les travaux historiques récents contribuent pourtant à redonner vie et relief.
Ces célébrations ont vocation à se renouveler. Elles contribuent à la renaissance de la conscience particulière, du Sonderweg de notre Alsace qui a trop souffert pour se voir imposer son passé aussi bien que son destin.
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Devoir de mémoire du 11 novembre 2016 en Alsace-Moselle !
C’est mourir d’abord sous les balles française en 14-18 !
Pour ensuite être considérés comme des traitres en 1945 !
Rappel historique :
1871 : l’Alsace-Moselle est vendue par la France à l’Allemagne « à perpétuité, en toute souveraineté et propriété » ;
1914-1918 : 50 000 Feldgraue alsaciens-mosellans sont tués durant le conflit… un bon nombre par des balles françaises : « Morts pour la France », dira-t-on ensuite ;
1918-1922 : impitoyable épuration ethnique avec un triage de la population en 4 catégories : 130 000 Alt-Deutsche et Alsaciens-Lorrains « germanophiles » sont expulsés !
Septembre 1939 : 374 000 Alsaciens et 227 000 Mosellans sont évacués, avec l’arrière-pensée de les transplanter dans la France de l’intérieur ;
Juin 1940 : Armistice avec débâcle de la France et annexion de facto de l’Alsace-Lorraine désertée par l’Administration française abandonnant la population à son sort (d’où le surnom les « Hàse ») !
1940-1945 : 130 000 Alsaciens-Mosellans sont incorporés de force sous la double menace d’être fusillés et de représailles de leurs familles. On comptera 42 500 tués ou disparus !
1945 : Victoire des Alliés avec une non reconnaissance par la France des incorporés de force, considérés comme des traîtres ; Pour la première fois depuis le Moyen-âge, l’allemand ne sera plus enseigné dans les écoles alsaciennes !
11 Novembre 2016 : Négationnisme de la France avec la disparition de l’Alsace en tant qu’entité territoriale et administrative et la mort programmée de ses spécificités.
Texte de Gérard Simler
Mérique Alphonse Charles
04/04/1900 – 23/03/1969
Photo : 1918
Guebwillerois qui s’est battu sous l’uniforme allemand (Feldgraue)
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11 novembre et devoir de mémoire en Alsace
Texte de Bernard Wittmann
Plus que la fin de la guerre, le 11 Novembre est toujours commémoré en Alsace comme un jour de délivrance, la fin du « joug allemand » et le début des « grandes retrouvailles » ! Mais on oublie volontiers que 47 ans plus tôt, pour se sauver, la France avait cédé par un traité l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne « à perpétuité, en toute souveraineté et propriété »!
Notre pays fut alors « libéré » nous dit-on. La vérité est pourtant toute autre car en fait de « libération », les Alsaciens-Lorrains furent surtout libérés de leurs libertés. Ils attendaient une politique de respect mais furent soumis à un système colonial couplé avec un traitement punitif de « débochisation » et de mise au pas : « On nous traite plus sévèrement que les peuples des colonies », protesta le quotidien socialiste Der Republikaner (20.5.1920). En effet, le joug français pèsera plus lourd que jadis la « botte prussienne » !
- La constitution alsacienne de 1911 est foulée au pied et l’autonomie enterrée : le peuple alsacien est dépossédé des prérogatives dont il jouissait sous le Reichsland ;
- Les promesses enjôleuses de respect des particularismes alsaciens des grands généraux français ne seront pas tenues ;
- la chasse aux « boches » et aux « bochophiles » alsaciens-lorrains est immédiatement lancée et la délation est encouragée par les autorités ;
- un filet de mouchards infiltrés dans la population est étendu à travers l’Alsace pour juger du degré de patriotisme et des options politiques des uns et des autres ;
- Une impitoyable épuration ethnique est lancée. 130000 Alt-Deutsche et germanophiles alsaciens-lorrains sont expulsés de leur Heimat dans des conditions mortifiantes et sans aucune considération humanitaire ; leurs biens sont séquestrés ;
- La population est soumise à un tri en 4 catégories suivant les origines ethniques et affublée de cartes d’identités sélectives A-B-C-D avec des règles d’apartheid ;
- Des « commissions de triage » sont instaurés pour juger et châtier les Alsaciens-Lorrains animés de sentiments germanophiles ; elles prononcent des sanctions d’une extrême dureté : expulsion en Allemagne avec séquestre des biens, internement, assignation à résidence à l’Intérieur, révocation pour les fonctionnaires… ;
- une implacable politique d’éradication de l’allemand et d’assimilation culturelle et linguistique est lancée. Le français exclusif est imposé partout sans consultation des populations qui l’ignorent. La « méthode directe » faisant débuter la scolarité exclusivement en français est instaurée à l’école. La langue régionale est ravalée au rang de langue étrangère ;
Au regard des brutalités et les excès perpétrés alors par la France, peut-on fêter ce jour comme une « libération » ? Dans L’Humanité (23.4.1919) le dirigeant socialiste Salomon Grumbach parle d’une « dictature renforcée ». Et comment oublier que nos Feldgraue alsaciens-lorrains furent tués par des balles françaises : « Morts pour la France », nous dit-on car sous leurs uniformes feldgrau battaient des cœurs français?
Dans ces conditions, n’y a-t-il pas une certaine indécence à parler de « libération » ?
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En ce 11 novembre 2016, les différentes sections se sont mobilisées pour rendre hommage aux victimes en divers lieux.
Les cérémonies
- Section Saverne et Alsace Bossue à Saverne
- Section Eurométropole à Strasbourg
- Section Basse Bruche à Molsheim, Schirmeck et Mutzig
- Section Centre Alsace Piémont à Sélestat
- Sections Mulhouse, Colmar, Thur/Doller et Florival-Bassin Potassique au Hartmannswillerkopf
- Sections 3 frontières / Sundgau à Saint-Louis
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Section Saverne
Discours prononcé lors de la cérémonie de Saverne
Ihr Frind un Nochber,
Nous ne commémorons aujourd’hui ni délivrance, ni victoire, mais une défaite de l’humanité face aux nationalismes qui ont engendré la guerre.
Nous commémorons les victimes en Alsace de ces guerres,
celle de 1870,
celles de 1914 à 1918, conflit durant lequel 50.000 soldats alsaciens moururent sous l’uniforme feldgrau
celles de 1940 à 45, en particulier les 40.000 Zwangseingezogenen qui ne sont pas revenus
Nous en appelons à un monde dans lequel les peuples n’auront plus besoin ni d’armes, ni de drapeaux, ni d’insignes pour s’affirmer, un monde dans lequel la langue et la culture de chaque peuple sera reconnue et acceptée, un monde dans lequel chacun aura à cœur de comprendre la langue et la culture de l’autre, parce qu’aucune culture ne vaut plus qu’une autre, aucun parler n’est supérieur aux autres, aucune identité n’est meilleure qu’une autre.
Mir gedenke alle Kriegsgfallene uf unserem elsassische Bode, ob sie Amerikaner, Ditsch, Franzos, Marokaner, Elsasser sin gsin.
Mir gedenke aui alle Elsasser, wo in fremde Länder gfalle sin als Opfer von Ideologie un Luscht noch Macht.
‘s Elsass isch unseri Heimet, Europa isch unser Garte, d’Welt isch unser Hüs.
La presse en a parlé :
Les Dernières Nouvelles d’Alsace du 12 novembre 2016
Photos souvenirs de notre commémoration :
Section Eurométropole
Discours prononcé par Andrée Munchenbach, présidente de Unser Land, Parti Alsacien
Liewi Friend,
Il y a deux ans nous nous retrouvions ici même pour commémorer la fin de la guerre de 1914 à 1918 en cohérence avec l’Histoire. Parce que les cérémonies officielles commémorant l’armistice du 11 novembre 1918 sont organisées autour du même discours du Secrétaire d’Etat aux anciens combattants, lu par les représentants de l’État de Lille à Toulouse et de Brest à Strasbourg, nous avions éprouvé le besoin ardent de rompre cet universalisme factice et de corriger cette lecture uniforme de l’histoire de notre pays.
Nous rendons hommage à toutes les victimes de cette guerre absurde et monstrueuse, qu’on a appelée la Grande Guerre, qui aurait dû être la Der des der. Nous nous inclinons devant les Poilus, « morts pour la France » selon la formule consacrée. Mais nous n’oublions pas qu’en Alsace-Moselle, en 1918 nos aïeux sont tombés dans l’uniforme feldgrau de l’armée impériale. Leur camp n’était pas celui de la France. L’Assemblée Nationale réunie à Bordeaux en avait décidé ainsi le 13 févier 1871. Sans qu’on leur demande leur avis, les Alsaciens et les Mosellans étaient renvoyés dans le camp de l’Allemagne, « en pleine souveraineté » comme stipulé dans le traité de Francfort. A 95% ils étaient enrôlés dans l’armée du Kaiser. Entre 1914 et 1918 pour la plupart ils mouraient Allemands sous les balles françaises.
Il est de notre devoir à nous qui sommes leurs descendants de leur donner la place qui leur revient dans la mémoire collective et de saluer le sacrifice qu’ils ont fait, malgré eux, de leur jeunesse et de leur vie au cours de cette boucherie.
Le monument aux morts devant lequel nous sommes réunis symbolise de manière magnifique le destin tragique de notre Alsace et l’absurdité des conflits qui nous sont imposés. Une mère intemporelle mais reconnaissable à sa coiffe traditionnelle pleure ses deux fils réunis sur son giron – off ìhrem Gere – par la mort. Ces deux fils symbolisent le déchirement auquel a été condamnée notre région, entre deux pays, entre deux impérialismes et par la force des choses entre deux armées. Les deux hommes sont nus, l’artiste a choisi de les extraire de l’uniforme et du harnachement militaire qui en faisaient des ennemis.
Face à cette œuvre prenons conscience de notre dualité, de notre histoire complexe, douloureuse souvent, et riche. Affirmons notre singularité. Obtenons qu’elle soit reconnue dans les discours officiels pour qu’ils collent enfin à la réalité de notre région. Obtenons qu’elle soit enfin enseignée mais aussi qu’elle s’exprime dans l’espace public.
Nous sommes également tout près d’un lieu d’importance majeure dans l’histoire de l’Alsace : le Landtag, ce lieu unique de démocratie locale, aboutissement du combat de nos prédécesseurs pour le droit de décider pour eux-mêmes. Avec la fin de la guerre en 1918 et le retour à la France, il n’y a plus de Landtag. Aucune plaque ne mentionne son existence. Depuis le 1er janvier de cette année, il n’y a plus d’Alsace sur la carte des régions. Aux yeux du gouvernement central, il n’y a pas de peuple alsacien.
Liewi Friend, Widerstànd ! Par notre présence ici, par la référence à notre histoire spécifique, nous l’affirmons : l’Alsace existe. Elle est notre Histoire. Elle a été. Elle est. Elle sera. Que le souvenir des Feldgraue, le souvenir de nos aïeux, et le combat de ces Alsaciens glorieux, qui ont défendu notre Heimet dans l’enceinte du Landtag nous apportent le courage, la fierté et l’énergie pour notre combat zuem Ewerlewe ! Mir sin ‘s elsassische Volik. Mir welle bliewe, wàs mir sin. De Kàmpf geht wittersch. Weitermachen, von Gott befohlen !
Nous allons déposer une gerbe au nom du peuple alsacien. Je vous invite à vous recueillir.
Strossbori im Elsass, de 11. November 2016
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Section Basse Bruche
Présente à Molsheim, Mutzig et Schirmeck !
Texte lu au moment de la dépose des gerbes :
« Aujourd’hui 11 novembre 2016, l’Alsace se souvient de ses enfants Alsaciens et Mosellans victimes des guerres.«
Pendant la minute de silence à leur mémoire, le drapeau alsacien rouge et blanc s’inclinera.
Mutzig & Schirmeck :
Molsheim :
Section Centre Alsace Piémont
Cérémonie à Sélestat
Liewi Friend,
C’est avec une émotion réelle que nous avons commémoré le Souvenir des jeunes alsaciens et mosellans victimes des Nationalismes et de l’auto destruction de l’Europe au XXème siècle.
Nous étions environ 30 alsaciens et avons déposé une gerbe aux Monuments aux Morts à Sélestat aux environs de 8H30.
Mais dès 10 :00, les services de la mairie ont fait place nette pour les officiels (c’est le terme utilisé par le préposé) et ont outrageusement retiré notre gerbe (aucun dialogue envisageable).
Officiels qui lors d’une cérémonie convenue nous aurons gratifié de la très appropriée lettre d’un Poilu.
Nous avons donc récupéré notre gerbe du van des services de la mairie et l’avons déposé après la cérémonie officielle au Monument aux Morts de Barr.
Pauvre Peuple Alsacien. Les derniers des Mohicans réduits à implorer pour que l’on nous laisse commémorer la mémoire de nos anciens. Désormais le sacrilège est complet.
La réécriture de l’histoire ne supporte plus d’aucune contradiction.
Martin MEYER
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Sections Mulhouse, Colmar, Thur/Doller
et Florival-Bassin Potassique
Cérémonie qui s’est déroulée au Hartmannswillerkopf, avec David Duss, Laurent Roth et Régis Baschung, responsables de sections.
Discours prononcé par David Duss, Responsable de la section Thur/Doller, candidat aux Élections Législatives 2017 sur la 4ème circonscription de Haute Alsace :
Bienvenue à tous au Hartmasnsswillerkopf
Je tiens à vous remercier, Régis, Laurent ainsi que tous nos membres de section pour votre présence.
Merci également à nos petits alsaciens en costume, qui sont bien courageux.
Le 11 Novembre est une commémoration qui n’est jamais neutre.
Pour l’histoire mondiale d’abord. C’est la première guerre de type mondiale. Elle est la mère de la deuxième guerre et ainsi du monde tel que nous le vivons aujourd’hui. Ne pas connaitre cette guerre, c’est ne pas savoir qui nous sommes. Croire qu’elle est lointaine, est une erreur. Ses conséquences ont été entre autres l’organisation des frontières en Europe, au Moyen Orient et les conflits liés à ces découpages existent toujours.
La dite « grande guerre » est simplement un massacre de jeunes hommes qui s’en sont allé mourir dans les tranchées pour servir des causes qui les dépassaient. Ceux qui sont rentrés blessés n’avaient pas de cellule psychologique. Ils devaient construire leur vie, dure et difficile. Il n’y avait rien de grand dans cette guerre!
Le 11 Novembre n’est pas une commémoration comme une autre, ici, en Alsace, ligne de faille et fracture, ligne de front. La fracture et les blessures étaient dans les familles alsaciennes, dans ce qui était une guerre civile européenne de toutes les manières. En Alsace, allemande depuis 1871 et le Traité de Francfort voté très largement par l’assemblée nationale française, nous cédant à la Prusse, on meurt des deux côtés du front, avec un dernier soupir en alsacien.
Le Hartmannswillerkopf est une montagne boucherie. La beauté des paysages est troublante aujourd’hui avec cet automne alsacien. Il était remplacé par un champ de mort, de corps à corps fratricide. Les uniformes de ces jeunes garçons étaient certes de couleurs différentes mais ils dorment ici d’un même sommeil, ont connu les mêmes souffrances. Ils étaient simplement nés de part et d’autre du même fleuve.
Je tiens à honorer la mémoire de tous les Alsaciens qui ont combattu durant cette guerre, même si la majorité d’entre eux étaient dans l’armée allemande à cette époque.
Et peu importe aujourd’hui quel uniforme ils portaient.
C’est justement le sens de notre présence à tous ici aujourd’hui. Que ces morts alsaciens ne soient pas les éternels oubliés des commémorations « morts pour la France ». Ils ont accompli leur devoir, se sont battus avec courage et bravoure, ils méritent tout notre respect.
Mais mes amis, mes frères dans l’histoire, couchés là, je veux penser à vous aujourd’hui. A vos fiancées, vos épouses, vos enfants qui ne vous avaient pas vu revenir. C’est absurde, c’est et ce sera toujours la paix que nous devons défendre, en votre nom, en votre mémoire.
Discours prononcé par Laurent Roth, Responsable de la section Florival-Bassin Potassique, candidat aux Elections Législatives 2017 sur la 6ème circonscription de Haute Alsace :
Chers amis, bonjour à tous.
Ceux qui me connaissent savent que ce n’est pas sans une certaine émotion que je prends la parole devant vous ce matin. En effet, depuis mon enfance j’arpente cette montagne en long, en large, et en travers. Au fil des années je suis tombé sur quantité de vestiges sur ces pentes, et toutes ces découvertes ont éveillé en moi une curiosité pour cette guerre, mais aussi pour l’histoire tourmentée de notre pays. Si je me suis engagé dans le combat pour l’Alsace, c’est au moins en partie grâce à ce « tas de cailloux ».
La « Der des der ». C’est le nom qu’on donnait à ce conflit au lendemain de ce 11 novembre 1918. Une partie de l’Europe était ravagée, dans le monde entier de très nombreuses familles pleuraient leurs morts. Près de 19 millions de personnes ont laissé leur vie au cours de ces 4 années, environ autant de civils tués que de militaires.
L’Alsace était alors en première ligne de ce conflit. Sa position au cœur de l’Europe n’a pas toujours été un avantage, c’est le moins qu’on puisse dire.
Notre Alsace qui était française depuis Louis XIV, avait – rappelons-le – été cédée en 1871 à l’Empire Allemand par un choix démocratique voté à l’assemblée nationale. Selon l’historien Michel Krempper, près de 239 000 Alsaciens choisirent de quitter leur terre natale et optèrent pour la France. L’immense majorité qui choisit de rester devint Allemande. D’abord considérés comme des citoyens de seconde zone par les autorités allemandes, les Alsaciens et Mosellans acceptent petit à petit leur situation, profitant – il faut bien le dire – de la croissance économique due à la révolution industrielle et à un régime social moderne et performant (toujours en vigueur, même si certains aimeraient bien le défaire). Au bout de 40 ans, en 1911, l’Alsace-Moselle obtient un statut d’autonomie au sein de l’Empire. A la veille de la guerre, même s’il existe toujours un fort sentiment de sympathie envers la France, et un refus d’adhérer à la politique de germanisation mise en place, les Alsaciens n’envisagent majoritairement plus un changement de nationalité.
En 1914, à la déclaration de guerre, les Alsaciens sont donc allemands depuis 43 ans. Les jeunes que l’Allemagne appelle sous ses drapeaux n’ont jamais connu la France, si ce n’est parfois dans les récits de leurs parents. 380 000 Alsaciens-Mosellans sont appelés à porter l’uniforme allemand, tandis que près de 18 000 rejoignent l’armée française. En 1918, parmi les 380 000 appelés, on dénombrera 50 000 morts, 150 000 blessés, dont 25 000 qui resteront invalides de guerre.
En ce jour du 11 novembre, nous commémorons la fin de ce qui devait être le conflit le plus meurtrier de l’histoire. L’horreur absolue, et donc inévitablement la der des der. En réalité, le Traité de Versailles signé quelques mois plus tard ne préparera qu’à la guerre suivante qui aura des conséquences désastreuses pour l’équilibre mondiale, et pour notre Alsace en particulier. Les Français prennent de vitesse le président américain Wilson, qui préconisait alors un plébiscite. L’Alsace et la Moselle redeviennent françaises, qu’elles le veuillent ou non ! Personne ne consultera le peuple. Dès 1919, l’Alsace déchantera : mise en place de commissions de triage, expulsion des « Altdeutschen » et des Alsaciens considérés comme germanophiles. Puis en 1924 avec la victoire du Cartel des Gauches, première tentative de suppression du droit local hérité de la période allemande. Encore une fois, les Alsaciens n’ont dû leur salut qu’à eux même grâce à un engagement politique fort en faveur d’une Alsace autonome. La crise de 1929 finira de réveiller l’esprit de revanche qui germait dans l’esprit des perdants de 1918, et déjà les années 30 annoncent la cassure inéluctable d’une paix européenne bien trop fragile.
La seconde guerre mondiale qui suivra aura d’autres conséquences dramatiques pour notre Alsace, qui sont, elles, encore bien visibles aujourd’hui. L’Alsace, qui espérait au lendemain de 1918 être un pont entre deux pays, construit sur les piliers du bilinguisme et de sa double culture, une terre de réconciliation et de construction européenne, n’est finalement aujourd’hui plus qu’un petit territoire auquel on retire son âme. Elle n’a depuis quelques mois même plus d’existence officielle !
Tomi Ungerer a dit un jour : « L’Alsace c’est comme les toilettes : toujours occupé ! ». Effectivement, jamais l’Alsace n’a eu l’occasion de vivre sa vocation de région transfrontalière et profondément européenne. Par notre présence au pied de cette montagne tristement surnommée par les combattants « la mangeuse d’hommes », nous voulons marquer notre respect pour les victimes de la guerre, quel que fût leur uniforme. Nous ne nous reconnaissons pas dans les cérémonies patriotiques unilatérales : l’Alsace était allemande, elle est dorénavant française. Mais bien plus que cela, elle est avant tout européenne, ouverte sur ses voisins, et ce depuis toujours. Si les États-nations avaient compris cela dès le début du XXe siècle, ce sommet ne serait qu’un magnifique point de vue sur notre petit pays.
Alors oui, une commémoration alsacienne peut paraître surprenante sur ce mémorial connu comme un haut lieu patriotique français. En réalité, nous sommes sur un monument pleinement européen. Sous nos pieds, dans la crypte, sont enterrés les ossements de centaines de soldats des deux camps, ensemble, sans distinction. Depuis 2014, les drapeaux européens et allemands flottent aux côtés du drapeau français à l’entrée du site. Et d’ici quelques mois, l’historial franco-allemand actuellement en construction ouvrira ses portes. Nous, Alsaciens, avons pleinement notre place ici pour commémorer ceux qui sont tombés sur notre terre.
L’Europe s’est construite dans la douleur : nos morts font partie de cette histoire et il est important de les honorer. Pour l’Europe de paix, il ne faut pas oublier les sacrifices du passé. C’est d’autant plus vrai dans un avenir qui s’assombrit et où chaque jour les fondements même de cette paix durement acquise sont menacés par des attaques aussi bien extérieures qu’intérieures.
Et intervention de Daniel Willmé, responsable du Verbrand Ober Elsass, qui a lu un poème d’Alfred Kastler, avant le dépôt des gerbes.
Poème symbolique, le Wettstein étant un cimetière français et le Bärenstall, un cimetière allemand.
Zwischen Wettstein und Bärenstall
Rauschen im Winden die Tannen
Hüben und drüben die Toten all
Sie lauschen, friedlich beisammen
Zwischen Wettstein und Bärenstall
Blüht über den Gräbern die Heide
Die sich feindlich gestritten von Tal zu Tal
Ruhen friedlich Seite an Seite
Zwischen Wettstein und Bärenstall
Greift den Wanderer ein heiliges Ahnen,
Die Wifpfel wiegen den Totensang
Wie wehenden Weihefahnen
Zwischen Wettstein und Bärenstall
Horcht ein Heimatloser den Tönen
Er hat den heiligen Schwur getan
Zu helfen die Völker versöhnen
La presse en a parlé :
Article présent dans les Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) du 12 novembre 2016 : « Hier matin, trois sections haut-rhinoises du parti Unser Land se sont retrouvées au Hartmannswillerkopf pour rappeler le sacrifice des soldats … »
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Section Sundgau
Cérémonie à Altkirch
11 novembre 2016 à Altkirch
Que signifie pour nous Alsaciens cette commémoration du 11 novembre ?
Pour nous autres Alsaciens, c’est la fin d’une guerre absurde, les jeunes Alsaciens mobilisés qui portaient pour la grande majorité l’uniforme Feldgrau, pouvaient enfin rentrer chez eux, retrouver leurs familles. Pour la population alsacienne, comme partout en Europe, c’était un immense soulagement car leurs fils ne risquaient plus de mourir. C’était bien la fin de plus de quatre ans de massacres durant lesquels périront environ 10 millions de jeunes Européens, dont près de 50 000 Alsaciens-Mosellans
Contrairement aux Français, pour nous autres Alsaciens, le 11 novembre 1918 n’est pas une victoire contre l’Allemagne, mais la fin d’une tragédie et malheureusement le début d’une nouvelle tragédie.
Il faut particulièrement saluer l’esprit qui a animé la mairie d’Altkirch en 1953, lorsqu’elle a décidé l’édification du monument aux morts. Un monument qui ne glorifie ni héros, ni guerre, ni patriotisme, mais les victimes quelles qu’elles soient.
C’est exactement l’état d’esprit qui nous a animé ce matin lors de la dépose d’une gerbe aux couleurs de l’Alsace, le Rot & Wiss.
Mer senn un mer blieba fér emmer ELSASSER…….
André Goepfert
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Cérémonie à Saint Louis
A Saint-Louis, ville Rhénane par excellence, ville qui regarde notamment vers l’Allemagne et la Suisse, la commémoration du 11 novembre était pour nous Alsaciens l’occasion de fêter la réconciliation franco-allemande.
Nous avons rendu un hommage solennel aux victimes ludoviciennes de la Grande Guerre où 50 jeunes ont payé de leur vie, la plupart sous l’uniforme Feldgrau. Le 11 novembre n’est pas la victoire d’un peuple sur un autre, mais bien la fin d’une guerre absurde.
Une gerbe aux couleurs Rot & Wiss a été déposée au Monument aux morts pour honorer leurs mémoires.
André Goepfert
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