Le jour où la France a voulu supprimer l’Alsace
Ce mercredi 17 décembre marquera donc le jour où Paris aura décidé de faire disparaitre l’Alsace. Cette décision n’a pas été prise sur un coup de tête : à quatre reprises, l’assemblée nationale aura suivi le gouvernement dans sa décision.
Personne ne nie la nécessité d’une réforme territoriale. Le millefeuille administratif destiné à « diviser pour régner » étant devenu insupportable, même aux yeux de l’Etat. Alors que les citoyens ne s’identifient plus aux institutions, que le système politique est verrouillé et que l’on cherche en vain une lisibilité de l’action publique, le gouvernement avait la possibilité de tout réorganiser autour de trois échelons : la commune, les intercommunalités et la région. Et de supprimer tout le superflu : départements, services préfectoraux et autres services déconcentrés de l’Etat.
Valls aurait pu faire des régions correspondant aux identités et aux aspirations des peuples, des régions dans lesquelles les citoyens se reconnaissent. Il aurait pu rebâtir la France sur ces identités, elle qui leur fait la guerre depuis des siècles. Mais non. Baignant dans une ignorance crasse des réalités et dans les délires jacobins, Valls a choisi la solution la plus imbécile qui soit : maintenir le millefeuille et casser le peu qui marchait.
Au sujet de l’Alsace, le gouvernement était averti de l’erreur qu’il était en train de commettre. Mais au lieu de chercher une solution pragmatique, Valls s’est enferré dans le dogmatisme et la provocation. «Il n’y a pas de peuple alsacien», voilà une phrase qui raisonnera encore longtemps et que les Alsaciens ne sont pas prêts d’oublier.
Désormais plus rien ne sera jamais comme avant entre la France et l’Alsace. Le 17 décembre 2014 entrera dans l’histoire, comme le jour où la France a décidé d’en finir pour de bon avec l’Alsace. Ce sera pour nous le premier jour de la Résistance.
« Ils ont voulu nous enterrer, ils ont oublié que nous étions des graines » (proverbe mexicain)
En quelques semaines, une génération entière de militants vient de naître, se frayant un chemin entre les bordées d’insultes émanant des rangs socialistes et le reniement de certains élus UMP. Beaucoup sont jeunes, nombre d’entre eux ne s’appellent pas Schmitt ou Muller, beaucoup ne parlent pas l’alsacien, mais tous revendiquent leur alsacianité. Ils se sont levés pour l’Alsace, car on vient de leur voler ce qui ne s’achète pas : l’identité, la dignité, l’espoir en un avenir meilleur.
Le mouvement est né pendant l’été et lors de la manifestation du 11 octobre à Strasbourg. Ce jour-là, la fracture était évidente, entre le peuple massé sur la pelouse, brandissant les drapeaux Rot un Wiss, et les élus bardés de leurs écharpes tricolores. Depuis ce fossé n’a cessé de grandir.
Devant le mutisme des élus, les citoyens, soutenus par Unser Land, ont repris le flambeau de la contestation. Le 23 novembre, ils étaient 1.000 à manifester à Strasbourg. Le 30 novembre, on comptait 3.000 manifestants à Colmar, malgré l’interdiction de la préfecture. La semaine suivante, ils étaient 4.000 à Mulhouse puis 6.000 à Strasbourg.
Inédit en Alsace, ce mouvement est une lame de fond qui croît chaque jour et qui finira par emporter une classe politique responsable en grande partie de la situation actuelle. Au « politologue » Philippe Breton qui, au soir du référendum de 2013, se réjouissait de la disparition de l’identité alsacienne, la mobilisation sans précédent des semaines dernières vient d’apporter un démenti cinglant.
Privé d’institution pour le représenter, le peuple alsacien vient de perdre un précieux instrument pour assurer sa pérennité et son développement. Le militantisme alsacien deviendra nécessairement plus fort, plus organisé, plus combatif. Tous ont conscience que le combat pourra durer des années voire des décennies.
Il n’y a maintenant plus rien à attendre de Paris ni de la France. Les prochaines élections présidentielles nous apporteront un Valls, un Sarkozy, une Le Pen ou un Mélenchon. Tous sont jacobins, cocardiers et parigot-centrés.
Notre voie est maintenant toute tracée : investir tous les champs de la société – politiques, culturels, économique, sociaux – pour reconquérir nos libertés et donner un avenir à l’Alsace, terre rhénane au cœur de l’Europe.
JG Trouillet
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