La route de l’émancipation sera longue et semée d’embûches !
18.8.2015 – Bernard Wittmann
2014 est une année à marquer d’une pierre blanche ! L’ignoble décision gouvernementale de rayer l’Alsace de la carte des régions de France aura finalement contribué à réveiller les consciences alsaciennes et à montrer au grand jour la collusion de nos élites politiques avec un système oppressif exogène. Pendant des mois, la défense de l’identité alsacienne s’est à nouveau retrouvée au centre des préoccupations alsaciennes. Le processus de libération des esprits semblait alors bien engagé. Et lors des manifestations anti-fusion, faisant mentir Manuel Valls, les dizaines de milliers Alsaciens descendus dans la rue en brandissant, du Nord au Sud du pays, le rot un wiss s’affirmèrent bien comme un peuple décidé à défendre ses propres valeurs. La fierté était de retour. De sorte qu’aux élections départementales qui suivirent, les autonomistes d’Unser Land purent capitaliser ce mouvement de révolte contre l’étouffement programmé en récoltant une moyenne de 15% des voix dans les cantons où ils étaient représentés, un succès incontestable ! Aussi, dorénavant rien ne sera plus comme avant !
Les germinations sont toujours longues : l’exemple corse
Cependant, il ne faudrait pas se leurrer, les germinations sont toujours longues. En dépit de ces bouleversements, la sortie du tunnel débouchant sur une Alsace autonome est encore loin. Et la perversion des esprits due au système jacobin complique singulièrement tant la prise de conscience de l’identité que le combat pour l’émancipation, qui sera sans doute long, plein de souffrances et d’épreuves. Car la France, toujours campée sur ses logiques de domination, a du mal à transcender son lourd passé impérialiste et colonialiste qui a fini par imprégner le système de pensée de ses élites politiques. Ces dernières continuent à opposer le dogme jacobin d’essence totalitaire aux demandes légitimes de reconnaissance des peuples.
Ainsi, en Corse, le mouvement d’émancipation a débuté en 1964 avec la création du Comité d’Etudes pour la Défense des Intérêts de la Corse qui dénonçait la disparition de « l’ethnie corse ». Ce n’est pourtant qu’en 1982 que les autonomistes entreront en force dans la première Assemblée de Corse (7 élus). Et il faudra attendre 1989 pour voir l’autonomiste Max Siméoni faire son entrée au Parlement européen, suivi de François Alfonsi en 2009. L’année suivante les « natios », totaliseront 36% des voix à l’élection territoriale emportant 15 sièges. Et pour finir, en mars 2014, l’autonomiste Gilles Siméoni remportera la mairie de Bastia. Les « natios » sont à présent incontournables ! Mais combien de morts, de vies brisées, de traquenards politiques, d’actions barbouzardes et de souffrances les Corses durent-ils endurer pour en arriver là. Cependant, durant ces cinquante années de lutte, à aucun moment ils n’ont flanché et renoncé à leur idéal de liberté. C’est ainsi que les Corses finiront par l’emporter… tôt ou tard.
Institutions au service du dominant
C’est que la République jacobine, crispée sur son dogme de l’unicité, n’entend pas renoncer à son projet séculaire d’anéantissement des peuples allogènes. C’est pourquoi, contre l’évidence, elle refuse obstinément de reconnaître leur existence et, à plus forte raison, de leur donner les moyens de maîtriser leur destin. Ses institutions sont conçues pour tout verrouiller et assurer la pérennisation du système de colonisation intérieure du pays. Ainsi, en 1991, le statut Joxe, dans son article premier, reconnaissait « l’existence d’un peuple corse », reconnaissance que votera l’Assemblée nationale. C’est alors que, pour empêcher toute entorse au dogme, on eut recours au Conseil Constitutionnel garant de l’orthodoxie jacobine et dont les décisions sont souvent plus politiques que juridiques. Le 9 mai 1991, ce dernier rejetait l’article premier en invoquant l’inconstitutionnalité de la notion de « peuple corse » : « …la mention faite par le législateur du « peuple corse, composante du peuple français » est contraire à la Constitution, laquelle ne connaît que le peuple français, composé de tous les citoyens français sans distinction d’origine, de race ou de religion », précisa le Conseil (décision n°91-290 DC du 09.5.1991). La constitution appelée à la rescousse pour nier l’existence d’une communauté historique clairement identifiée comme peuple dans toute l’Europe : ahurissant !!
Une addition d’individus indifférenciés à l’instar d’un vulgaire troupeau
En effet, la France jacobine est littéralement horrifiée à l’idée de l’existence de peuples à l’intérieur de son périmètre étatique qui viendrait en contradiction avec ses dogmes (selon l’historien jacobin G. Bischoff, il n’y a pas de peuple alsacien mais uniquement des citoyens « égaux » issus de « nulle part et d’ailleurs » !). Aussi, dans les textes officiels, a-t-elle souvent recours à des contorsions sémantiques alambiquées pour nier cette réalité qui lui est insupportable. C’est ainsi que dans la « déclaration interprétative » qui accompagna la signature, le 7mai 1999, de la Charte européenne des langues régionales, on prit soin de préciser que le terme de « groupe » visait « une addition d’individus » (la conception du troupeau) et non une « entité autonome » qui pouvait revendiquer des droits (sic) » ! Et on ferrailla dur également pour ne pas reconnaître aux langues régionales un espace territorial et ceci pour la raison qu’on devine : langue originale plus territoire identifié sont les principaux marqueurs d’un peuple. C’est qu’en France toutes les langues et cultures ne sont pas égales en dignité, en respect et en droit !
Mais ces précautions pour nier des droits naturels sur une base juridique purement hexagonale ne suffisaient pas. Saisi par Jacques Chirac, le 16 juin 1999, le Conseil d’Etat remis un avis défavorable au motif que « les principes constitutionnels d’indivisibilité de la République, d’égalité devant la loi et d’unicité du peuple français (…) s’opposent à ce que soient reconnus des droits collectifs à quelque groupe que ce soit, défini par une communauté d’origine, de culture ou de croyance ». Que dirait-on à Paris si les Québécois étaient soumis à de tels diktats par Ottawa ?
Cette juridiction ayant rendu un nouvel avis défavorable en 2013, une révision de la Constitution s’imposait. C’est ainsi que le 24 juin 2015, le gouvernement Valls sollicita à nouveau l’avis de cette plus haute juridiction administrative sur un projet constitutionnel devant permettre la ratification. Et ce sera un nouvel avis défavorable au motif que la « déclaration interprétative » et la Charte sont incompatibles : cette double référence, estime le Conseil d’Etat, « introduirait une contradiction interne génératrice d’insécurité juridique » et « produirait une contradiction entre l’ordre juridique interne et l’ordre juridique international » !
Un négationnisme d’Etat
Evidemment, ce négationnisme d’Etat constitutionnalisé a pour objectif d’empêcher les peuples de l’Hexagone de disposer d’eux-mêmes selon l’article Premier de la charte des Nations Unies de 1945 et d’exercer leurs droits à la reconnaissance et à l’enseignement de leur langue.
Face à ce pays intolérant à l’égard du pluralisme, pourtant inhérent à toute société humaine, et qui fonctionne sur un mode despotique en partageant les régions comme il partageait autrefois les territoires de son empire colonial africain ignorant les aspirations légitimes des populations, une résistance démocratique s’impose.
Et devant cette République jacobine qui ne rêve que de les asservir et d’anéantir leur identité, il ne tient qu’aux Alsaciens d’engager la lutte salvatrice pour écrire eux-mêmes un jour leur histoire… une histoire où Philippe Richert aura la place qui lui revient : celle d’un capitulard, d’une girouette politique à l’ambition démesurée qui, pour sa réussite personnelle, a tourné le dos à son pays !
Y aller et opposer un front uni
Les élections régionales se rapprochent et déjà les partis nationaux, ceux qui ont conduit à cette « République des copains et des coquins », forts leurs réseaux et de leurs moyens colossaux, se mettent en branle. Opposés à ces gigantesques machines à élire avantagées par des règles électorales faites pour les servir, les autonomistes alsaciens devront opposer un front uni pour l’autogestion régionale et le retour à la région Alsace, en évitant les déchirements internes, les querelles d’egos, les morcellements.
Face aux politiciens professionnels aujourd’hui complètement discrédités par leur médiocrité éthique, ils devront montrer leur ferme volonté de prendre le destin de leur pays en main et de défendre ses valeurs mais aussi leur capacité à formuler des propositions constructives répondant aux demandes sociales et aux attentes des populations. C’est ainsi qu’ils emporteront l’adhésion des Alsaciens.
Bernard Wittmann – 18.8.2015
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