Amélioration des conventions portant sur la politique régionale plurilingue
par Monique Matter pour Unsri Zittung
Les récentes conventions, signées le 1er juin 2015 entre l’État (rectorat), la Région et les Départements, convention-cadre portant sur la politique régionale plurilingue en Alsace et convention opérationnelle dans le système éducatif en Alsace, affichent l’objectif de « développer une politique régionale plurilingue reposant sur l’apprentissage du français et de la langue régionale sous ses deux formes, l’allemand standard et les dialectes pratiqués en Alsace ».
L’allemand est enseigné en tant que langue régionale d’Alsace, conformément à la législation et à la réglementation nationale sur les langues régionales.
Deux voies sont présentes dans le système éducatif, d’une part, la voie traditionnelle basée sur trois heures d’allemand et, d’autre part, la voie bilingue paritaire comprenant 12 heures en allemand et 12 heures en français.
La situation à la rentrée 2015
Un enseignement généralisé de l’allemand dès la maternelle est mis en œuvre sur la base théorique de trois heures par semaine. Il se poursuit au collège et au lycée avec la possibilité d’y ajouter l’anglais dès la 6e. L’académie ne publie pas d’état détaillé de cet enseignement.
La voie bilingue à parité horaire débute dès l’école maternelle et se poursuit en élémentaire avec 12 h en allemand (langue régionale) et 12 h en français.
En collège, conformément aux dispositions réglementaires, la parité horaire est appliquée. L’anglais s’ajoute en option dès la 6e sur demande des familles.
En lycée, au lieu de la voie paritaire (13h dans chaque langue) , seul un dispositif binational ABIBAC, comportant 9 h par semaine en allemand est accessible.
La proportion d’élèves en voie bilingue représente près de 20% en maternelle, 16 % pour l’ensemble du primaire et 7 % en collège.
A la rentrée 2015, environ 27 000 élèves sur 170 000 sont en voie bilingue à parité horaire dans les premiers degrés, public et privé. En collège, ce sont près de 5 000 élèves bilingues sur 89 782 collégiens, dans 60 collèges publics et 8 collèges privés. En lycée, 14 lycées publics et 4 lycées privés sous contrat offrent la voie ABIBAC à 1500 élèves.
L’impact des deux nouvelles conventions 2015/2018 et 2015/2030
La convention cadre porte sur la politique des langues vivantes dans l’académie de Strasbourg et la région Alsace – période 2015/2030.
L’ambition affichée à l’horizon 2030 est :
– 50% des élèves de maternelle en section de langue régionale à parité horaire;
– 25% de ces élèves en cursus bilingue en sixième.
Cette convention prévoit aussi la présence de la langue régionale dans le domaine artistique, la vie sociétale et les activités extra-scolaires Mais aucun objectif n’est affiché.
La convention opérationnelle (2015/2018) est sensée mettre en œuvre, dans le domaine éducatif, les objectifs fixés par la convention cadre 2015-2030 portant sur la politique des langues vivantes dans l’académie de Strasbourg et la région Alsace.
Le Comité fédéral constate que ces deux conventions ne garantissent pas le développement de l’enseignement bilingue à parité horaire.
A la lecture de ces textes on est consterné par le peu d’engagements des signataires en faveur d’un véritable développement de sites bilingues grâce à une offre généralisée proposée à toutes les familles. De plus, en retrait sur plusieurs points par rapport à la précédente convention pour l’enseignement, une importante régression est prévisible.
De fait, à part des évidences et des généralités sans aucune portée réelle, la convention-cadre n’apporte guère d’éléments nouveaux pour l’enseignement de la langue régionale.
En premier lieu, la convention opérationnelle ne dure plus 6 ans comme précédemment. La participation financière des trois collectivités territoriales est donc programmée jusqu’en 2018. Ainsi limitée, elle peut permettre à l’autorité régionale de l’ACAL, élue pour 6 ans jusqu’en 2021, de réduire très considérablement le financement.
En second lieu, les deux conventions sont évasives concernant le recrutement des professeurs appelés à enseigner des disciplines en allemand dans les premier et second degrés. Aucun dispositif réglementaire de recrutement n’est prévu en direction des locuteurs germanophones natifs, seule ressource réelle disponible.
La définition des besoins en maîtres et la fixation du nombre de postes ouverts au concours « spécial » (voie bilingue) de professeurs des écoles est abandonnée au seul rectorat. Aucun effectif minimum de postes offerts aux concours n’est prévu.
En troisième lieu, la convention abandonne la généralisation de l’offre bilingue en maternelle: la création de nouveaux sites est réservée à des écoles ou RPI (regroupements pédagogiques intercommunaux) comprenant quatre classes et sous la forme de classes complètes (au lieu de sections). Le seuil d’ouverture de section à partir de 15 élèves sur deux ou trois niveaux est supprimé. Aucune programmation pluriannuelle de créations de sites en maternelle n’est prévue. La création de sites passe entièrement sous le contrôle du rectorat.
Contrairement aux arguments développés dans la convention opérationnelle, ces contraintes cumulatives empêcheront tout développement important de sites bilingues et susciteront une augmentation des classes élémentaires à niveaux multiples.
En quatrième lieu, l’enseignement bilingue à parité horaire dans le second degré est abandonné. Le texte conventionnel prévoit au mépris des dispositions ministérielles, de réduire en collège cet horaire à 9 heures par semaine au lieu des 13 heures réglementaires.
De plus, le texte écarte la continuité sous forme paritaire au lycée.
Le Comité fédéral a demandé par courrier du 3.11.2015 aux Présidents des trois collectivités de modifier par avenant, d’ici au 31 décembre, les deux conventions afin d’en faire un véritable outil de développement pour notre langue régionale :
- Porter de 3 à 6 ans (2015/2021) la durée de la convention opérationnelle et des financements
- Prévoir un recrutement minimal de 50 postes par an aux concours spéciaux, interne et externe, de professeur des écoles durant la période 2015/2020
- Réintroduire la généralisation de l’offre bilingue en maternelle et garantir l’information préalable des familles
- Maintenir la possibilité de sections en maternelle
- Introduire dans la convention opérationnelle 2015/2021 un calendrier pluriannuel de créations de sites
- Modifier le texte afin de respecter la parité horaire et la réglementation nationale de la voie bilingue en collège
- Prévoir la mise en place de sites paritaires bilingues en lycée conformément à la réglementation nationale des langues régionales
- Intégrer la Moselle germanophone dans le dispositif par un avenant spécifique
Monique Matter, présidente – matter.monique@orange.fr
Patrick Kleinclaus, président délégué
COMITE FEDERAL pour la langue et la culture régionales en Alsace et en Moselle germanophones
11 Avenue de la République Bureau. 236 – 68000 COLMAR- www.alsace-lorraine.org
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