Sans union, place au béton
Unser Land prend acte de la décision de la ministre Barbara Pompili d’enterrer définitivement plus de 40 000 tonnes de déchets toxiques sur le site de Stocamine à Wittelsheim. La promesse de débloquer 50 millions d’euros pour préserver la nappe semble anecdotique en termes d’enveloppe, mais démontre bien qu’il existe des inquiétudes quant à la pollution de la plus grande nappe phréatique d’Europe.
Alors que les mineurs alsaciens ont exploité des millions de tonnes de potasse avec des moyens techniques et sécuritaires archaïques au siècle dernier, la ministre – petite fille de mineur – semble faire fi des évolutions technologiques en matière d’exploitation. De leur côté, les MDPA jouant la montre depuis 2002 ont obtenu ce qu’elles attendaient : la solution la plus économique, qui a également l’avantage de refermer définitivement le secret sur les produits non autorisés qui ont été stockés au fond.
Cette sentence est le fruit de l’indifférence de la classe politique, notamment des conseillers départementaux et régionaux du Bassin Potassique qui ont été totalement invisibles sur le sujet. La motion de rejet adoptée à l’unanimité par la nouvelle assemblée de la Collectivité européenne d’Alsace arrive bien tard et ressemble plus à un baroud d’honneur qu’à une réelle volonté politique.
Cette décision marque également l’échec de l’union nécessaire autour du collectif Destocamine. Dans le souci de l’intérêt général, Unser Land proposait une ouverture au plus grand nombre d’associations, d’élus, de forces politiques, de syndicats, ou même de simples citoyens. A l’inverse, certains semblaient faire de ce sujet une « chasse gardée », excluant notre mouvement. Depuis le « canal historique » de Destocamine a sombré dans une folklorisation incomprise de la population. Quel gâchis, après près de vingt années de combat !
Unser Land n’abandonnera pas les habitants du Bassin Potassique, et l’histoire des mines de potasse ne peut pas se terminer sur cet échec. Nous devons maintenant mobiliser l’opinion publique en sortant des clivages traditionnels, pour permettre à tout à chacun de s’identifier à cette problématique.
Nous réitérons notre appel à l’union désormais obligatoire entre élus, associations, mouvements politiques, syndicats et citoyens. Il est temps d’en finir avec les postures. On ne peut combattre une catastrophe en se pliant à des codes idéologiques qui sont à la genèse du désastre. Sans quoi, cette affaire se terminera comme souvent en Alsace : tous les édiles ayant fait semblant et pris des postures, tout en sachant que les dés étaient jetés dès le départ.
Laurent ROTH
Responsable de fédération Unser Land Haute-Alsace
Conseiller municipal de Kingersheim
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